Et voilà, vous êtes 1000. Mille à me lire. C’est dingue. Merci, x1000.
Cette newsletter est spéciale, elle ne contiendra qu’un billet d’humeur. Je l’ai longtemps cogitée, par peur de me planter un couteau dans le pied et de me priver de potentielles futures collaborations (et oui, spoiler alert, j’ai un crédit à rembourser).
Je suis malheureuse quand je fais des concessions sur mes convictions, alors j’ai décidé de l’envoyer quand même. Et si je ne vous ai pas fait peur et que vous voulez quand même bosser avec moi, rdv à la fin de ce mail.
❤️ Le billet d’humeur
Ça fait pas loin de 3 mois que je n’ai pas envoyé de newsletter, et je ressens le besoin de vous expliquer ce qui s’est passé. J’en ai rapidement parlé sur instagram, alors pour celleux qui me suivent là-bas, désolée pour la redite.
Ce qui s’est passé, c’est que j’ai perdu la flamme.
D’abord, je me suis laissée engloutir par cet insupportable sentiment d’ « à quoi bon ? ».
À quoi bon produire du contenu, dont je réalise qu’il a de valeur, pour des entreprises qui considèrent l’inclusivité comme une simple case à cocher, parmi tant d’autres dans leurs objectifs RSE ?
À quoi bon m’insurger des boys clubs, des campagnes de com’ sexistes, de l’entre-soi dans les start-ups, quand ceux qui auraient le pouvoir de faire bouger les choses n’en ont manifestement rien à foutre, bien au chaud dans leurs privilèges ?
À quoi bon répéter sans relâche les mêmes choses, pour constater que celleux qui passent réellement à l’action vers plus d’inclusivité sont une infime minorité ?
J’ai voulu lâcher, j’avoue. Plus que ça, j’avais acté ma décision : fini, j’arrête, je rends les armes. Trouvez quelqu’un d’autre pour faire le taff, j’ai plus les épaules.
Puis est venue la colère.
Elle s’est pointée comme ça, sur un trottoir parisien. Je l’ai sentie dans tout mon corps. J’ai eu envie de pleurer. De hurler.
J’ai eu envie de hurler face à ces HSBC* en costume-cravate qui viennent étaler leur science (bancale) en matière d’inclusion sans jamais questionner leurs biais ni leurs privilèges.
J’ai eu envie de hurler face à ce secteur de la Diversité & Inclusion qui donne la parole à des ministres qui préfèrent écrire des bouquins de cul et détourner l’argent public plutôt que de s’atteler à faire leur taff en matière de réduction des inégalités (oui, Marlène Schiappa, c’est à vous que je parle).
J’ai eu envie de hurler face à ce cirage de pompes sur une scène de la Défense pour savoir si, oui ou non, les investisseurs seraient prêts à suivre les entreprises qui se lancent sur le sujet de l’inclusion.
À quoi on joue ?
Quand je me suis lancée dans la communication inclusive, j’étais nourrie par une vision utopique et un espoir un peu naïf que les entreprises comprendraient la nécessité vitale d’aller vers plus d’inclusivité. Mais plus j’avance, et plus je me heurte à un secteur totalement dépolitisé, et déconnecté de ce que vivent les personnes concernées.
Ok, tout le monde n’est pas animé·e par les questions de justice sociale. Ok, tout le monde n’a pas besoin que les choses changent, et ok, parfois certaines initiatives dépolitisées peuvent quand même ouvrir la voie à d’autres changements positifs.
Mais y’a des gens qui crèvent, en fait.
Y’a des gens qui crèvent du manque de représentation, et du sentiment de ne jamais pouvoir trouver sa place dans la société.
De la croyance qu’iels ne sont et ne seront jamais assez.
Des violences engendrées par l’invisibilisation.
Du manque de prises de parole et du manques de moyens face à ces violences.
De la complaisance des politiques, des marchés, des consommateurices face à celleux qui les brutalisent, les agressent et les discriminent.
Y’a des meufs qui sont au régime toute leur vie parce qu’on leur fait croire qu’elles ne valent rien si elles font plus qu’une taille 36.
Y’a des types qui pensent que ce qui fait d’eux des hommes, c’est de ramener de l’argent à la fin du mois, serrer des mains le plus fort possible et forcer un rapport sexuel de temps en temps, parce que c’est la seule forme de masculinité qu’on leur propose.
Y’a des gens qui n’oseront jamais se rêver PDG, présentateur télé, chirurgien ou astronaute parce qu’iels sont trop noir·es, trop musulman·es, trop trans, trop gros·ses ou trop handicapé·es.
Y’en a même qui n’arriveront jamais à se projet dans une pratique sportive, une histoire d’amour équilibrée ou un salaire décent, parce qu’on n’a de cesse de leur rappeler à qui sont réservés ces petits privilèges.
Du coup, qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce que je fais ?
On continue. Bien sûr, qu’on continue.
On continue, mais on change d’approche.
Puisque ceux d’en haut ne veulent pas nous entendre, on va faire monter le bruit d’en bas, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus d’autre choix que de nous écouter.
Alors voilà : je lance un nouveau projet. Pour donner la parole aux personnes concernées, et faire de la place au collectif. J’ai peur, mais je l’écris ici : vous êtes mes témoins, je ne peux plus me défiler.
Si tu es un·e entrepreneur·e (au sens large), que tu te considère comme minorisé·e et que t’es de gauche, envoie moi un petit mail (ou transmets l’info à quelqu’un).
Si tu es une organisation ou un·e particulier qui veut sponsoriser un projet autour de la diversité et l’inclusion, par et pour les personnes concernées, envoie moi un petit mail aussi (je vais filtrer, vous vous en doutez).
Et si vous voulez juste m’envoyer du courage pour cette nouvelle étape, vous pouvez m’envoyer un petit mail aussi.
Si après tout ça, vous voulez travailler avec moi, voici ce que je propose :
des conférences “débutantes” (45mn) sur les sujets suivants :
L’inclusivité : c’est quoi ?
Le langage inclusif : enjeux et bonnes pratiques
La com inclusive : pourquoi et comment ?
des audits de vos supports de communication (pages pro et perso) et de vos campagnes
du conseil en stratégie digitale inclusive
Toutes mes prestas sont à retrouver sur mon site. Je travaille avec une approche militante et affirmée, mais toujours pédagogue et bienveillante.
Si vous ne trouvez pas votre bonheur et que vous avez envie qu’on développe un projet sur-mesure ensemble, envoyez-moi un mail !
Merci de m’avoir lue.
Léa
Comme je te comprends ! Je t'envoie plein de force et d'amour. C'est ok de se sentir découragé et c'est encore plus ok d'être en colère et de l'exprimer. Merci pour ta vulnérabilité et bravo pour ton nouveau projet !
Super projet d'envergure ! Je savais bien que tes tripes parleraient à nouveau 😉
Je suis extrêmement fière de toi !